Et il y a aussi la morale à coté, tout autant respectable, qui est la morale de la responsabilité : « Je tiens compte en tant que journaliste de l’effet que peuvent avoir les images ou les textes que je publie. » C’est aussi une manière de contredire les terroristes, qui ont intérêt à ce que les haines et les tensions au sein de la société augmentent. En décidant de ne pas publier, on va à l’encontre de ce qu’ils souhaiteraient. Il y a eu deux éthiques différentes : une éthique de conviction d’un coté et une éthique de responsabilité de l’autre et elles sont toutes les deux respectables.
• Les journalistes européens vont-ils plus se censurer ?Je ne le pense pas. Je n’ai pas le sentiment que depuis les évènements du 7 janvier, on fasse front à une espèce d’autocensure généralisée. Je crois que ces sujets sont abordés de manière tout à fait franche, tout à fait claire par la plupart de médias et peut-être encore plus qu’avant ! A la limite je pense que ces évènements dramatiques ont libéré la parole et c’est une bonne chose, c’est la preuve que les terroristes n’ont pas eu ce qu’ils souhaitaient. La liberté d’expression n’est pas menacée en Europe, en tout cas pas par le terrorisme. Pour preuve Charlie Hebdo qui quelques jours après les faits sortait une nouvelle édition. Et j’ai l’impression que ces sujets là sont abordés en toute honnêteté, en toute franchise par la plupart des médias, sans qu’il y ait un phénomène d’autocensure.
• Y-a-t ‘il d’autres journaux satiriques types CH en Europe?Dans certains pays, il était difficile de comprendre ce qu’était Charlie Hebdo. Les journaux américains par exemple ont eu du mal à le situer politiquement : ils hésitaient entre l’extrême droite et l’extrême gauche. Charlie Hebdo est un peu un OVNI pour de nombreux médias anglo-saxons, qui ne comprenaient pas bien son genre. La caricature telle que pratiquée par Charlie Hebdo, cette volonté de dénoncer le pouvoir est plutôt rare dans le paysage médiatique européen. Maintenant il y a des journaux satiriques européens, mais tous ne fonctionnent pas sur le même moule, n’ont pas cette ligne libertaire : le Canard enchainé est un autre style, et on en trouve également en Belgique ou en Espagne. Mais d’une manière générale ce sont des titres plutôt marginaux, des médias un peu alternatifs, un peu en marge. [if gte mso 9]>
Cinquante ans après son adhésion à l’Union Européenne, le Royaume-Uni pourrait décider de faire cavalier seul. La menace du « Brexit » - comprenez « British Exit »- se fait de plus en plus pressante. David Cameron, Premier Ministre, est dans la tourmente : le Royaume-Uni doit-il se retirer de l’UE ? Il faut dire que depuis 2008, la situation de l’Europe n’est guère reluisante, et la population anglaise ne semble plus s’y retrouver. Lors de la crise qui a secoué le Vieux Continent, le Royaume-Uni, dont les banques ont été très fortement touchées, a pratiqué dès les premières années une politique très rigide d’austérité, qui commence à porter ses fruits. Impensable alors pour le gouvernement de David Cameron que l’on envisage désormais d’annuler ou même de repousser l’échéance la dette de la Grèce, dans laquelle tous les pays européens ont investi.
« On n’est jamais mieux servi que par soi-même »
La remise en question du système européen par les anglais ne date pas d’hier. Dès 2013, David Cameron avait tapé du poing sur la table : la parole du Royaume-Uni n’était pas assez prise en compte au sein de l’Union Européenne. Les anglo-saxons, plus connus pour leur euroscepticisme que pour leur passion européenne, n’ont jamais totalement adhéré aux fondamentaux de l’UE. Preuve en est, le refus d’adopter la monnaie unique, et leur non-adhésion à l’espace Schengen.
Depuis la crise de 2008, et les injections monétaires massives, le Royaume-Uni fait grise mine. Suivant la vague qui déferle un peu partout sur l’Europe, les partis des europhobes prennent de l’ampleur. Au Royaume-Uni, il se nomme UKIP, « UK Independance Party », mené par le tribun Nigel Farage. Il a obtenu 27,5% des voix, soit 23 représentants au Parlement Européen, aux élections de mai 2014, contre 16,6% en 2009. Une menace réelle pour le parti conservateur, d’autant plus importante qu’au sein même des Tories, des eurosceptiques émergent. Pour le locataire du 10 Downing Street, l’enjeu est donc double : il faut regagner des voix, à la fois dans son propre parti mais aussi au sein de la population, visiblement de plus en plus favorable à l’UKIP aux dernières élections locales.
• La question des migrants, goutte d’eau qui fait déborder le vaseAutre point de tension entre la Grande-Bretagne et l’UE : l’immigration. Pour les migrants Angleterre rime avec emploi - le taux de chômage étant beaucoup moins élevé qu’en France par exemple - mais aussi avec “prestations sociales”. Parmi les aides accordées, les migrants issus des pays membres de l’Union Européenne ont ainsi droit à une aide de 36 livres hebdomadaire, ainsi qu’à un accès gratuit aux systèmes de santé et d’éducation, et d’un accès au logement sous certaines conditions. Mais cet Eldorado est proche de la fin. Le gouvernement anglais, exaspéré par les afflux importants de migrants en provenance d’Europe de l’Est particulièrement mais aussi de tous les pays membres, souhaite désormais une modification de la loi. En octobre 2014, David Cameron, pressé par les europhobes et certains groupes de presse anglais, s’est exprimé dans ce sens. Pour le Premier ministre, il s’agirait essentiellement de limiter l’abus d’allocations perçues par des migrants peu qualifiés, et donc inaptes à trouver rapidement un emploi. Parmi les mesures envisagées par le gouvernement conservateur, une obligation d’offre d’emploi pour s’installer sur le territoire, le renvoi au bout de six mois d’inactivité salariale, ou encore un délai de quatre ans avant de pouvoir bénéficier d’aides sociales dans certains cas…
Ces suggestions ont déclenché une vague de protestation européenne. José Manuel Barroso, alors président de la Commission Européenne, s’était alors indigné, rappelant que faire partie de l’Union Européenne incluait d’emblée une équité entre tous ses citoyens.S’il ne s’agit pour l’instant que d’une simple idée, elle est néanmoins représentative du ressentiment qui agite les populations du Royaume-Uni : qu’il s’agisse d’un point de vue financier, politique, ou social, les directives européennes semblent bien trop empiéter sur la souveraineté nationale anglaise, et souvent à son détriment. Lors de référendum sur l’indépendance de l’Ecosse, le Premier Ministre, interrogé par la BBC, avait très clairement exprimé sa position : “ J’ai des sentiments un millier de fois plus forts à l’égard de notre Royaume-Uni que ceux que j’ai à l’égard de l’Union Européenne.”
Avec l’élection de Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission Européenne contre l’avis de David Cameron, l’arrivée au pouvoir de Syriza et la question de l’effacement de la dette grecque, l’heure semble venue pour le Royaume-Uni de se décider. Et le Premier Ministre a d’ores et déjà annoncé la couleur : s’il est réélu à son poste en mai 2015, il proposera dès 2017 un référendum, avec une question simple : « Voulez-vous rester dans l’Europe? »
Jade TOUSSAYEndFragment
Brexit, la nouvelle crise européenne ? L’équilibre européen sera-t-il rompu ? Face au couple franco-allemand, le Royaume-Uni a toujours eu un rôle à jouer, en dépit de son manque “d’enthousiasme européen”. Mais la crise est passée par là et l’Union Européenne traverse des moments difficiles. En brandissant la menace d’une sortie de l’UE, le Royaume-Uni joue-t-il sa dernière carte ?EndFragment
Grande Bretagne : la sortie mitigée. La Grande Bretagne va-t-elle sortir de l'Union Européenne? Cette question pourrait faire sourire quelques-uns mais il s'agit bien d'une réelle possibilité. Depuis deux-trois ans, le parti eurosceptique UKIP (United Kingdom Independence Party) ne cesse de gagner en popularité. Dirigé par Nigel Farage, son seul objectif est de sortir le Royaume Uni de l'UE. En cas de victoire aux législatives, David Cameron a annoncé qu'un référendum aurait lieu sur le sujet. Et les derniers sondages sont globalement favorables aux idées de N.Farage...EndFragment
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Nigel Farage, leader du Parti Indépendantiste du Royaume-Uni. (© wikipédia)
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Au Royaume-Uni, la presse généraliste est ouvertement europhobe, et n'hésite pas à faire pression sur le gouvernement (©Daily Mail)EndFragment
«La France est un bon pays», Ahmed, un migrant soudanais en est certain. «Ici c’est mieux, car le problème à Calais c’est pas la guerre mais le froid». Vu sous cet angle, il faut choisir entre les balles ou la pneumonie.
Dans la pièce à vivre de l’association du Secours Catholique, la fatigue des esprits est palpable. Tout est au ralenti. Peu de discussions, seule la chanson de George Michael, Faith sort du poste, venant rompre le silence d’une attente qui devient trop longue. Dans un coin, un Erythréen caresse le radiateur des mains. A une table au centre de la pièce, des hommes attendent des papiers afin de régulariser leur situation. En réalité, ils patientent seulement le temps que leur portable recharge.
Des téléphones, ils en ont tous, et parfois même de dernier cri. Pourquoi tiennent-ils tant à leur à leurs mobiles ? Il sert davantage à se changer les idées via des jeux qu’à se connecter avec leur famille. Pour la plupart, leur pays d’origine ne propose que des réseaux téléphoniques très peu fiables. Lettre, mail ou texto, le meilleur partage reste encore celui des esprits.
Céline, âgée d’une trentaine d’année, est bénévole au Secours Catholique. Elle nous confirme qu’une tournée de livraison se prépare. Pain, thé et bouteille d’eau au menu. Embarqués dans la camionnette, elle fait plusieurs «stop» souvent très brefs mais suffisamment longs pour se faire une idée de la misère qui habite les églises, zones industrielles et entrepôts désaffectés de Calais. Sous un porche se trouve une dizaine de syriens. L’un d’entre eux demande à Céline de ne pas faire de bruit car ses compagnons dorment. La présence du Secours Catholique n’est visiblement plus synonyme d’espoir.
• La cuvette du bonheurLors de la distribution du midi, un nouvel arrêt est destiné aux commodités des migrants. Étant donné qu’il n’y a ni lectricité ni eau courante dans les camps, l’hygiène est un luxe, «certains viennent jusqu’ici à pied. En voiture il y en a déjà pour trente minutes» raconte Nicolas Perrin, bénévole depuis 2 ans. Cette occupation, il la décrit comme une «bonne expérience». Trois préfabriqués et un grillage en guise de frontière créée une ambiance macabre, une sorte de «no go zone» encore plus brutale. Beaucoup patientent pour passer à la douche. Pas question de perdre du temps, il faut se brosser les dents. Plus la queue est longue, plus elles sont propres. Seuls les plus malins ont le plaisir de prendre une douche, ici, la loi du plus fort est la seule de circonstance. A raison de 60 douches par jour pour 2 000 migrants, le compte est vite fait.
• L’émotion se substitue à la langueUn groupe de jeunes Afghans attire l’attention des bénévoles. Sous leur toit de bâche, leurs rires interpellent. Comment peuvent-ils avoir le cœeur à sourire ? Ils sont dans la force de l’âge – entre 15 et 25 ans -, celui qui revendique l’insolence, le droit d’espérer. Ils invitent le Secours Catholique sous leur toit. Ils tendent une cigarette, un café, puis une couverture pour que leurs fesses ne côtoient pas leur crasse quotidienne, dont ils ont profondément honte. Même en insistant pour s’asseoir à moitié dans la boue, le refus est catégorique. Cette saleté salie aussi leur dignité.
Des blagues fusent autour d’une casserole de «beans» à la sauce tomate. Leur attention est sollicitée l’espace d’un instant pour tenter de comprendre la violence qui frappe leur pays, pour préférer la boue d’ici à l’Afghanistan de là-bas. L’un d’entre eux explique : «Afghanistan, you have no alcohol and when you meet someone, il encercle son camarade dans les bras, Boom ! Il faisait référence à une bombe. Et tout le monde rit. Ces derniers mois, le nombre de migrants est en baisse. Pour la simple et bonne raison que les fêtes de fin d’année sont encore fraîches. «C’est les fêtes pour tout le monde» raconte un bénévole du Secours Catholique, il y a plus de passage de camions, du coup, il y a plus d’embouteillages. Les migrants ont donc davantage l’occasion de grimper dans l’un d’eux».
• Calais un jour, Calais jamaisLes migrants ne sont surtout pas les bienvenus dans le centre de Calais. Ville où la vie semble linéaire, où le temps s’est mis sur “pause”, où le gris est la couleur locale. Le ciel est bas et lourd, plombé par la fumée toxique des cheminées d’usine et des raffineries. Le décor est morose. Les zones de transports, de fret, le port et ses cadavres d’usines. Dans cette ambiance, où le porche d’une église ou d’un préau d’entrepôt sont occupés par des micros squats, les Calaisiens ne cachent pas leur mécontentement. Même «s’il y a de tout. Certains aident et une autre parti les fustigent» raconte François Chevreau, président de l’association l’auberge des migrants. Le voisinagen moins nuancé confie «c’est normal qu’ils viennent uriner, il n’y a pas d’hygiène dans leur pays.» François Chevreau assure même voir des échanges de billets entre passeurs et migrants. Y a t-il eu des antécédents de dégradations ou de violence ? «Non, enfin demandez aux gens autour, ils ne laissent plus sortir leurs enfants de chez eux. Il y a une jeune fille qui a été suivi ces derniers jours». Ce voisin, qui souhaite rester anonyme, est tout de même barricadé chez lui, derrière deux entrées à digicode. Des frontières qu’il garde avidement. Il discute sur le pas de sa porte et laisse les étrangers et les bénévoles dehors. «Il y a mes moutons et des oies» dans les pâturages de cet éleveur qui accole l’association du Secours Catholique. Pourtant, ils ne traversent ses champs que pour atteindre l’autoroute qui se trouve de l’autre coté. Mais la crainte de l’autre, et l’affection pour ses bêtes, lui paraît plus essentielle.
La tristesse du ciel se retranscrit dans les comportements. Aucun mot ne dépasse l’autre, sauf le hurlement des enfants qui jouent dans un parc. Les jeunes collégiennes portent toutes les trois le même manteau, d’une couleur différente. Calais, trois heures de route, 15 ans de retard. Il faut s’organiser. D’abord pour préserver un semblant de propreté et une dignité que l’on retrouve en permanence. D’abord dans les refus d'être pris en photo «tu imagines après, notre famille nous voit comme ça. Ce n’est pas notre vraie vie. tu as écrasé ta cigarette par terre dans la boue, dans ton salon tu fais ça toi ?». L’appareil photo et la caméra représentent une intrusion aussi féroce que la boue. Ce squat s’est en effet établi dans un bois, le «bois des Dunes». Les jours de pluie, les tentes se noient, avec le peu d’affaires qu’ils possèdent. Ce bois est habité par les Afghans. La conversation découle sur le fait qu’il y a des bons et des méchants ou qu’on soit, qui que l’on soit. L’un d’entre eux dit être d’accord et s’appuie sur Dieu pour étoffer sa réponse «C’est lui qui a voulu ca. Il décide de tout. Tout le monde est différent, que tu sois chrétien, bouddha ou moi. Dieu a choisi un pour toi, un pour toi, un pour toi…» en nous dénommant du doigt un par un. Bons ou méchant, ce n’est que l’affaire de Dieu.
• Les cigarettes de l’EscaleChaque tente fait fonctionner son « radiateur », à base de bois, de chaussettes, de boites de conserves. «Mais un jour, il n’avait plus de bois, alors ils ont utilisé de vieux rails. Quatre ont terminé à l’hôpital». Les dommages collatéraux du froid. La tente voisine n’est pas n’importe laquelle, elle abrite le «jungle shop». A l’intérieur, ils proposent à leurs invités, comme toujours, de s’asseoir. Sur le seul et unique étalage se trouve des boites de haricots rouges, blanc, verts; des bouteilles de Cola, des biscuits bon marché type «petit prince», des sachets de thé, du lait un peu et des cigarettes. Un des migrants est en train d’empaqueter ses cigarettes. Nour discute, l’aplomb de son regard, délicieux mélange de réconfort et de rage. Il accuse l’Europe de cette situation «elle dit qu’elle aide. Et puis par derrière elle donne de l’argent pour les armes, pour tout ce qui tue. Je ne peux même plus vivre dans mon pays et ici c’est pas mon pays non plus, toi tu ferais quoi ?». En quittant la tente, Un vieux monsieur, le visage drapé dans un tissu-écharpe attire le regard. Quand il voit l’appareil photo, il panique. «Non, je ne veux pas me souvenir d’ici, jamais».
• Le meilleur pour la finLa dernière escale sera la squat Galou où vit essentiellement une communauté d’Erythréens «ici, au moins ils ont de la chance, ils ont un toit. Pour le reste, vous verrez par vous même», explique François Chevreau, qui ouvre la voie. A l’entrée, l’optimisme s’écrit sur les murs : «Faster my friend, your old life is behind you». Pourtant, le décor est apocalyptique. Les connexions avec le monde paraissent s’être envolées « c’est une ancien récupération de métaux”.
Voilà six ans que François Chevreau a troqué son confort d’informaticien «J’ai travaillé plus de 20 ans sur le projet de l’eurotunnel en tant qu’ingénieur». Malgré tout, son implication pour l’Auberge des migrants lui permet de relativiser beaucoup de choses «maintenant une griffe sur la voiture, je n’en ai plus rien à faire”. Il parait dépassé qu’un pays tel que la France recueille une misère pareil. Ce que lui apporte tout cet investissement : ”Vieillir devient plus doux désormais, on se croit moins éternel ». «Le problème des médias, c’est qu’ils s’attachent à ce qui est exceptionnel, et non à ce qui est coutumier». Pourtant, quand les caméras s’en vont, la misère, elle, persiste. Elle est coutumière d’une vie qui n’y ressemble plus, sinon à celle d’un combat.
Heureusement, les associations sont nombreuses, petites et grandes structures telles que Medecin du Monde. Finalement, les contacts les plus difficiles s’opérent avec les Calaisiens. L’acceptation n’est décidément pas la même, tout est fonction de bord. De parti politique également. A Calais, le Front National a obtenu 31 % des voix, soit 10 % de plus que la moyenne nationale. Calais, l’eldorado franco-anglais des migrants prend des allures de fossoyeurs de lettres. En définitive, la conquête se réduit au seul «rado». Un lieu de survie qui noie leurs espoirs.
Sophie COMBOTEndFragment
La misère sans fond ni fin. Des afflux irréguliers de migrants continuent à remplir l’espace de Calais provoquant des tensions avec ses habitants et les forces de l’ordre. Attendant leur chance de rejoindre l’Angleterre, leur présence révèle une misère à l’image de leurs conditions de vie.EndFragment
Calais, le mouroir des rêves. Ils sont entre 1 000 et 2 500 comme Armad à vouloir passer la frontière franco-britannique chaque jour. A Calais, les réfugiés s’organisent tant bien que mal pour survivre dans l’attente de jours meilleurs en Grande-Bretagne. Sur place, un tissu d’associations leur vient en aide. Immersion, au coeur de ce problème, vraisemblablement sans solution.EndFragment
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Fonds Européens /
Fonds européens : la nouvelle autonomie des Régions. Une partie du budget de l’Union européenne est consacré à l’investissement dans les régions. Pour la période 2014-2020, 83 programmes européens seront développés pour un total de 27 milliards €. Tour d’horizon de la stratégie « Europe 2020 » et de l’utilisation des fonds européens structurels d’investissement (FESI) au service des citoyens français.
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La réforme territoriale et l’aide européenne aux régionsUn des enjeux de la réforme territoriale portait sur le montant des aides de l’Union européennes versées aux régions françaises. Les opposants à la fusion des 22 régions métropolitaines actuelles dénonçaient le fait que le redécoupage à 13 pourraient compromettre l’investissement des 27,5 milliards € de l’UE en régions, sinon le réduire. Soumise à cette question, la Commission européenne, par la voix de son Commissaire européen aux Finances, Pierre Moscovici, a confirmé le versement prévu pour la période. Les sommes prévues pour chaque région fusionnant avec les régions. Il a toutefois été demandé aux collectivités fusionnées de regrouper leurs priorités. Peut-être une explication au non-éclatement des régions actuelles.
Objectif Europe 2020En 2010, les 28 Etats-membres ont réorienté leurs politiques économiques pour en améliorer la compétitivité, la croissance, l’emploi et la protection de l’environnement. Tout en essayant de réduire les inégalités existantes entre les différentes régions. Ils ont décidé d’axer leurs investissements en matière de recherche, d’innovations, de croissance verte, d’éducation et d’emploi. Chaque état a alors fixé des objectifs nationaux, émis et appliqués au niveau des régions. Dès lors, les Conseils régionaux gèrent les dossiers sous le contrôle de la Commission européenne à qui ils rendent des comptes.
L’UE vote ses budgets pour des périodes pluriannuelles de 6 ans. Si celui de 2007-2013 privilégiait l’action sociale et solidaire et le développement d’infrastructures à but communautaire tels que les transports, la crise financière de 2008 est passée par là. C’est donc un budget 2014-2020 de 960 milliards €, s’intéressant davantage à la croissance et à l’emploi, qui a été approuvé en novembre 2013, après plus de deux ans de négociations. La principale dépense de ce budget reste la PAC (environ 43 %) dont la France est le premier bénéficiaire devant l’Espagne, l’Allemagne et l’Italie.La France est le deuxième pays contributeur de l’Union européenne (19,6 milliards € en 2014). Une donnée à nuancer par le fait que cette somme comporte aussi les coûts d’entretien des infrastructures européennes qu’elle accueille sur son territoire notamment le Parlement européen à Strasbourg. Cette somme correspond à 16,3 % du budget européen qui s’élève à 135,5 milliards € pour la seule année 2014. Autrement dit, chaque Français verse environ 200 euros à l’UE tous les ans. La carte de tous les projets financés en France par les fonds FEDER : http://cartobenef.asp-public.fr/cartobenef/
Le site de la Commission européenne consacré à la politique régionale: http://ec.europa.eu/regional_policy/index.cfm/fr/atlas/france/
Autre politique européenne /
Depuis janvier 2014, les régions françaises ont obtenu la gestion d’une partie des fonds européens. Le FEDER (Fonds européen de développement régional) s’élève ainsi à 8,4 milliards € pour la période 2014-2020, et e FSE (Fonds social européen) à 6 milliards €. S’il s’agit bien d’un renforcement de l’autonomie des régions, celles-ci n’obtiennent ces fonds que pour des programmes précis, décidés en accord avec les États et l’Union européenne (UE). L’utilisation de cet argent public est suivi dans le temps par la Commission européenne. Ainsi, si ces dotations ne sont pas utilisées, la Région est tenue de les rendre. Malgré tout, ces ressources représentent des apports non négligeables au budget des régions pouvant constituer comme dans le nouveau Nord-Pas-de-Calais et Picardie plus d’un tiers des recettes (1,14 milliard € pour 3,3 milliards €).
Concrètement, le FEDER finance l’investissement dans les entreprises et la compétitivité de l’économie et de l’emploi (par des aides économiques et des subventions à l’exportation). Il participe au développement d’infrastructures de recherche et de développement (pour favoriser les transferts de technologie), des transports (la ligne Nîmes-Montpellier ou l’autoroute ferroviaire européenne) ainsi que des instruments financiers de coopération décentralisée (pour limiter les causes de l’immigration). Il œuvre à la transition énergétique (en développant l’économie sobre en carbone) et il essaie de promouvoir l’égalité des chances et des territoires. Quant au FSE, il finance par « concentration thématique » en région l’emploi (en prenant des mesures contre le chômage des jeunes), l’éducation (par des mesures de lutte contre le décrochage scolaire) et la formation (construction de lycées professionnels).• De l’usage des fonds européensChaque Conseil régional emploie donc les FESI en fonction des priorités qu’il a préalablement définies. La modernisation des infrastructures de transports est au cœur des projets du Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon, de Provence-Alpes-Côte-d’Azur ou de l’Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes. Le soutien aux entreprises et à l’emploi est très présent dans les projets de Poitou-Charentes-Limousin-Aquitaine, du Centre et de Normandie. La transition énergétique est inscrite dans les projets en Bretagne, en Auvergne-Rhône-Alpes. Le très-haut-débit en Bourgogne-Franche-Comté…En Île-de-France, la Région se distingue, étant la seule dont le montant de la FSE est plus important que celui du FEDER. Elle s’engage pour la formation professionnelle et a ainsi obtenu des fonds pour les projets « Erasmus + » (mobilité européenne), « Horizon 2020 » (pour la recherche et l’innovation), « Europe créative » (pour la culture), « Europe pour les citoyens » (un projet de citoyenneté) ou encore le FAMI (Fonds asile migration et intégration). De plus, la région francilienne a obtenu le financement d’études pour l’aménagement numérique départemental de la Seine-saint-Denis ou encore la mise en place du programme IEJ (« Initiative pour l’emploi des jeunes ») et du réseau Europass pour apprendre et travailler en Europe.Pour le budget 2014-2020, ce sont 2,8 % des subsides européens qui iront aider les régions françaises (outre-mer compris) à accomplir leurs missions de services publics. Même si les fonds européens sont en baisse pour la France, notamment depuis l’élargissement de 2004, l’Hexagone est toujours le troisième pays dans lequel l’Union Européenne (UE) investit le plus. Grâce à la PAC, géré par les régions sous le contrôle du ministère de l’Agriculture, le pays percevait en 2011 environ 11,2 % des dépenses de l’Union sur son sol.Olivier VAGNEUXEndFragment
Dette Grecque /
Grèce: une population qui a souffert de l’austeritéDepuis 2010, les mesures d’austérité imposées par la Troïka (Fonds Monétaire International, Banque Centrale Européenne et mécanisme européen de stabilité) ont eu un effet néfaste sur la population. Après la négociation du plan de rigueur, le 2 mai 2010, le taux de chômage de la population active est passé de 12,2% à 25,8% en octobre 2014. Aujourd’hui, 50 % des jeunes de moins de 25 ans sont au chômage. Les faillites se sont multipliées, les services sociaux ont presque totalement disparus et l’accès aux soins a été drastiquement réduit.EndFragment
Grèce : que faire de la dette ? L’élection d’Alexis Tsipras le 26 janvier et de la coalition Syriza (radicaux de gauche)-AN.EL (radicaux de droite) bouscule le paysage politique grec. Ces deux partis, fermement opposés aux mesures d’austérité mises en place en 2010 par la Troïka, ont la volonté de trouver une alternative à la crise de la dette publique. Lors de son discours du 8 février, Tsipras, nouveau Premier ministre, a affirmé sa volonté d’en finir avec les directives européennes et notamment allemandes. Propos démagogiques ou perspectives d’alternative ?
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« Athènes ne demandera pas d'extension du plan d'aide financière », a déclaré Alexis Tsipras face au peuple grec le 8 février (lien vers le papier de Nicolas Raulin). Le Parlement grec lui a accordé la confiance avec 162 voix sur 299. Un maintien des aides telles qu’elles sont pensées aujourd’hui n’apparait plus concevable.
Le Premier ministre s’est engagé à respecter les engagements de son gouvernement concernant sa dette publique : pas d’annulation pour le moment mais une volonté de négociation. « Nous ne remettons pas en cause la responsabilité de la Grèce envers ses créanciers mais demandons une renégociation des termes du programme d’aide de la Troïka (Banque Centrale Européenne, Commission Européenne, Fonds Monétaire international) ». Aujourd’hui, la dette publique grecque est estimée à 351 milliards d’euros, soit 177% du PIB du pays. Et la problématique de la dette grecque touche toute l’Europe. En effet, les programmes d’assistance financière ont permis de racheter la presque totalité de la dette (251,5 milliards soit 80% de celle-ci) via les prêts bilatéraux entre Etats, le mécanisme européen de stabilité (MES) et le FMI. Si cette dette semble insoutenable, elle ne mine pas le pays puisque les échéances de remboursement fixées par la Troïka sont de 30 ans. Au final, la charge de la dette se résume aux obligations détenues par la BCE, le FMI et les créanciers privés, évaluée à 50 milliards d’euros. La Grèce, qui a aujourd’hui un regain de croissance (2,5%), connait en fait depuis longtemps une crise de son administration : elle n’arrive pas à faire entrer les taxes et souffre d’une énorme corruption. Syriza cherche donc un compromis entre ses obligations régaliennes et l’imposition des mesures d’austérité de la zone euro.Suite à ces déclarations et à l’élection du parti anti-austérité, des économistes conservateurs de pays du Nord de l’Europe ont appelé à la retenue. Laurent Weill, professeur des universités à Sciences Po Strasbourg et membre du centre de recherche Europe en Mutation, souligne par exemple que « La Grèce souffre d’un mal systémique : l’incapacité pour l’état d’assumer l’imposition. Si aucune réforme sérieuse n’est faite à ce niveau-là, la Grèce devra sortir de la zone euro, prévient-il, elle doit se placer en pays compétiteur, or la hausse des salaires n’est pas la bonne voie ». En économie, la compétitivité représente la capacité d’un état à produire plus qu’il n’importe. Or, les importations de la Grèce sont bien supérieures à ses exportations.
Les gouvernements socialistes d’Europe en profitent pour rappeller qu’une économie sociale est possible. Les opinions les plus extrêmes maintiennent que la compétitivité asservit le tissu social. Pourtant, à l’heure où l’ultra-libéralisme semble la composante essentielle de l’économie mondiale, peu d’alternative sont viables et Tsipras l’a bien compris. Benjamin Coriat, membre du cercle des économistes atterrés, s’est exprimé sur le blog « On n’est pas des moutons » : « Il est certain qu’il faut leur laisser du temps pour réfléchir un peu. Les choses ne peuvent pas se faire d’un coup de baguette magique. Il faut qu’ils pensent à un certain nombre d’avantages relatifs susceptibles d’être exploités » poursuit-il.
Pourtant, les solutions sont minces et un défaut de paiement serait catastrophique pour le reste de l’Europe. Le plan d’aide lancé en 2010 a transféré la dette vers les systèmes bancaires voisins. Il est évident que l’Espagne, l’Italie ou l’Irlande (en situation proche de celle de la Grèce) ne pourront pas assumer l’annulation de cette dette. Les seules solutions qui paraissent viables sont les réformes à mener directement dans le pays. La communauté européenne ne soutient cependant pas le plan humanitaire que propose Syriza. Le gouvernement grec préconise une hausse du salaire minimum et des retraites, alors que ces dépenses sont jugées dangereuses, voire irréalistes. Une autre solution présentée consiste en la mutualisation de la dette européenne. Pourtant, ce mécanisme n’est pas possible aujourd’hui. « La mutualisation suppose un aléa moral de la zone euro. Cela reviendrait à faire payer les pays à l’équilibre qui s’efforcent d’y rester », souligne Laurent Weill.La Grèce et son gouvernement sont aujourd’hui face à une double problématique : celle du maintien de sa population à un niveau de vie décent et celle des engagements européens du pays. Alexis Tsipras devra composer en gardant en tête qu’une sortie de la zone euro serait une catastrophe pour le pays qui se verrait exclu des processus commerciaux européens et laisserait ses créanciers, les autres membres de la zone euro et leurs populations, sur le carreau. On peut se demander si l’Europe telle qu’elle est pensée aujourd’hui n’est pas elle-même la source des inégalités qu’elle s’évertue à combattre depuis les fauteuils de la commission.Nicolas MERLIEndFragment
Europe : une autre politique économique est-elle possible ? La montée des partis eurosceptiques, les élections de gauches radicales et l’intransigeance de l’Eurogroupe montrent que plusieurs voies sont envisagées en Europe. Entre réformisme économique, conservation des mécanismes et volonté de cassure avec l’Union, quelles sont les alternatives possibles ?
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Des alternatives aux politiques d’austérité en Europe. Depuis le début de la crise en 2008, et face à une dette grandissante, les plans d’austérité se sont succédés en Europe. Dernière alternative en date proposée par Bruxelles, le plan d’investissement de 315 milliards d’euros. Un plan destiné à relancer la croissance économique dans l’Union Européenne.
Le plan Juncker, du nom du président de la commission européenne, sera-t-il le levier espéré ? A la gauche de la gauche, chez les communistes, on en doute. « Les plans d’austérité n’ont aucun impact, il faut développer les capacités humaines », déclare Frédéric Rauch, rédacteur en chef de la revue du partie communiste Economie Politique.
«La France n’a pas eu a subir de réel programme d’austérité , explique Agnès Verdier-Molinié, directrice de la fondation IFRAP. Pourtant, le montant de la dette n’est pas loin d’atteindre les 95% du PIB». Mais l’arrivée au pouvoir de l’extrême gauche en Grèce redonne espoir à tous ceux qui en Europe refuse la cure d’austérité. Reste à savoir quels résultats va obtenir le premier ministre grec, Alexis Tzipras.
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• Le pari réformisteParmi les possibilités de réforme envisagées, plusieurs trouvent des réponses dans les statuts européens. Par exemple, le traité de Maastricht, voté en 1992, « exclut formellement une dévaluation de la monnaie unique. La volonté de convergence signifie que l’Euro doit rester le même pour tous les pays européens » explique Laurent Weill, professeur des universités à Sciences Po Strasbourg et membre du centre de recherche Europe en Mutation. La possibilité de « faire tourner la planche à billet » pour dévaluer la dette semble donc impossible. De plus, les statuts de la BCE stipulent qu’elle doit veiller au maintien du taux d’inflation à moins de 2%. L’utilisation de l’inflation pour faire baisser la dette de manière mécanique semble donc inenvisageable, tant au niveau étatique qu’au niveau de la zone euro. seule une révision de ces statuts permettrait de changer cette situation.
Autre éventualité : la mutualisation de la dette en une dette européenne globale. « Cette idée est très naïve. Une mutualisation de la dette nécessiterait la création d’un institut européen de la dette qui donne les directives aux pays membres. Or, il est évident qu’aucun pays, par définition « seuls maîtres à bord », n’acceptera de se plier à la volonté d’un organisme supra étatique », souligne Jacques Mazier, professeur émérite à l’université Paris 13 et membre du collectif des économistes atterrés.
La coordination des politiques économiques serait, elle aussi, une possibilité envisageable. Elle existe depuis mars 1983 lorsque le Conseil européen a confirmé les objectifs économiques communs de la future union. Cette coordination a permis une logique économique complémentaire entre les pays membres. « Elle a été mise à mal lorsque les pays du sud-européen ont intégré l’Union. Les économies étaient tellement disparates qu’aucun des anciens membres n’a pu s’y adapter », explique Jacques Mazier.
• Conserver un système qui marchePour les conservateurs, le système marche : l’Europe a rempli ses objectifs. « Lorsqu’elle avait la possibilité de choisir des mesures égalitaristes pour ses membres, elle ne l’a pas fait. C’est une décision commune et assumée par l’Union » rappelle Laurent Weill. L’Europe s’est construite par les théories libérales de compétitivité et de croissance. Il est donc logique d’imposer des mesures d’austérité aux pays qui demandent l’intervention de l’Union Européenne. « Ces principes ont fait ce que l’Union est aujourd’hui : il n’y est pas question de justice mais de responsabilité », poursuit-il. L’Europe s’est donc façonnée sur les principes de solidarité et non d’équité : chaque pays est responsable de sa propre faillite, comme de sa réussite. « L’Europe a accepté de devenir une zone économique hétérogène où se côtoient des pays comme l’Espagne et l’Allemagne, dont les disparités ne sont pas à démontrer », insiste Jacques Mazier.
• Euroscepticisme : l’Euro, à quoi bon ?Pour les sceptiques, l’Europe est une construction absurde. Jacques Mazier se demande « comment peut-on mettre en place une monnaie unique sans état fédéral ? ». L’euroscepticisme est en fait une critique de ce que l’Europe est par rapport à ce qu’elle pourrait être. L’instauration de l’euro dans le noyau des pays du Nord ne soulevait pas encore ce genre d’inquiétude : les pays y sont homogènes et leurs économies très semblables. « C’est lorsque l’Espagne, la Grèce et l’Italie sont entrés dans l’union que les décisions auraient du être prises », s’agace l’économiste. A l’époque, l’Union était éprise du possible « rattrapage » des états du Sud, poussés par les possibilités européennes. Ceux-ci se sont alors endettés gravement sans qu’aucune mesure ne soit prise pour les protéger.
Ces arguments septiques mettent aussi l’accent sur le monopole symbolique de l’Allemagne sur les décisions de la zone. Après sa reconstruction, le pays a su reconstruire sa puissance de production. Celle-ci lui permet aujourd’hui d’être le moteur de la zone, bien souvent au détriment du reste. « Une solution, bien que connotée, serait l’exclusion de l’Allemagne, explique Jacques Mazier, qui ne pénaliserait pas le pays et permettrait aux autres membres de se réorganiser ».
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La crise économique européenneDepuis 2008, les banques européennes ayant participé à la bulle immobilière des subprimes ont du être sauvées par les Etats. En Irlande et en Italie, ce rachat a miné les économies publiques et les a endettées. Très vite, les faillites successives ont transféré la dette du secteur privé au secteur public. Ces dettes, indexées sur les PIB, dépassent largement les perspectives de développement des pays de l’Eurozone, notamment dans le sud. Aujourd’hui, les solutions mises en place par la Troïka semblent atteindre leurs limites ou, du moins, connaissent des critiques de plus en plus virulentes.
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« Chez nous, chacun parle Français, hormis Viral qui vient d’arriver de Londres ». Dans la grande salle de rédaction, Katharina Kloss, coordinatrice éditoriale et rédactrice en chef de Cafébabel, version allemande, fait les présentations des membres de la rédaction centrale. Ici, la langue française se mêle aux accents allemand, polonais, italien, espagnol. Une belle illustration de la volonté émanée de Cafébabel : « asseoir tous les Européens à une même table autour d’un café », expose Alexandre Heully, co-fondateur, délégué général et directeur de la publication.
Aux antipodes de sa signification biblique, Cafébabel, unit, rassemble et fédère les Européens. Le magazine, publié en six langues, compte aujourd’hui une vingtaine de rédactions à travers l’Europe. Six traductions qui permettent à chacun des citoyens de l’U.E de sortir de ses frontières et « contribuer à l’émergence d’une opinion publique européenne », précise Alexandre Heully. Une idée transnationale qui séduit depuis 14 ans.EndFragment
Auberges de Jeunesse /
Les filles de Cafébabel tout en force et en douceur. ©Cafébabel
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Cafébabel /
• « Europa in real life »
Chaque jeudi, l’équipe éditoriale de Cafébabel.com s’installe près de la machine à café pour sa conférence de rédaction. Au programme : topo sur les publications de semaine, réception des articles écrits par les bénévoles, recherche de sujets et d’angles intéressants. « On va au-delà des clichés, on va chercher les gens chez eux pour leur demander ce qu’il se passe en Europe, précise Katharina. Certes, l’Europe a pris de l’ampleur mais elle ne s’adresse pas à tous les Européens. » De la culture, aux modes de vie en passant par les mouvements citoyens, ils éditent au rythme de la baseline du média : « Europa in real life, soit l’Europe au quotidien ». Mais ce n’est pas du desk, à l’instar de certains médias web, on « fait du journalisme qui provient du terrain » grâce à notre réseau d’équipes. Pour toucher son lectorat paneuropéen et mettre en avant la richesse de l’Etat Européen, il faut non seulement trouver des sujets fédérateurs et aller au-delà de la traduction littérale mais surtout donner la parole aux vrais acteurs sur place. « Chaque pays a son style journalistique, une sphère nationale différente et interpréter le tout pour en faire un produit journalistique européen de qualité », indique Katharina. En outre, le média « eurogénérationnel » est ouvert depuis deux ans à la contribution spontanée et permet à des bloguers de s’essayer au journalisme.C’est cette perspective qui a séduit Viral Shah, le nouveau rédacteur en chef en charge de la version anglaise, depuis une semaine. Il aime cette possibilité de « donner l’opportunité aux gens de s’engager dans l’Union Européenne » au travers de leurs histoires. Pour Manon Valère, étudiante en master journalisme franco-allemand à l’Université Sorbonne-Nouvelle Paris III, en stage au sein de la rédaction, ce foisonnement de langues et cette dimension « multinationale, multilingue, multiculturelle » est un enrichissement quotidien. Des petits pas virtuels pour mettre en marche, chaque jour, le sentiment européen. Sélène AGAPÉ @SeleneAgapeEndFragment
Au Cafébabel, on vit l’Europe au quotidien. Depuis 14 ans, le Cafébabel relie l’Europe en quelques clics. De Berlin à Paris, en passant par Budapest, le magazine d’actualité en ligne est à l’écoute de chaque européen, en six langues étrangères, avec la même volonté : raconter l’Europe, la vraie, celle que l’on vit tous les jours.EndFragment
Depuis la grotte, Alexandre Heully garde un œil sur la rédaction. ©SA
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• L’expression d’une « eurogénération »
Exit, les questions d’Union politique ou économique. Cafébabel, c’est l’Union des valeurs. « Notre volonté était de créer le premier média européen sur lequel les Européens pourraient échanger en dépit de leur différence linguistique et nationale», se souvient Alexandre Heully. Le fruit d’une expérience Erasmus, celle d’Adriano Farano et Nicola Dell’Arcipret. En 2000, les deux Italiens quittent la Botte pour rejoindre les bancs de Sciences Po Strasbourg. Le 1erfévrier 2001, le numéro 0 de Cafébabel est en ligne. Deux ans plus tard, Adriano accompagné de deux de ses camarades Erasmus, Simon Loubris et Alexandre Heully, passe à l’étape supérieure. Direction Paris et des recherches de financements pour professionnaliser leur structure. À l’image de leur génération, ils font le choix du onlinepour cibler aussi bien les métropoles que les régions plus reculées. Un pari professionnel qui n’a pas toujours été évident. « Tous les ans, on doit convaincre des financeurs de nous soutenir en toute indépendance et en respectant notre ligne éditoriale, notre fonctionnement en tant qu’association citoyenne qui fait du journalisme participatif », témoigne Alexandre Heully. Aides nationales, subventions de la commission européenne – 25% du budget annuel du média –, partenariats, « 10 à12 financeurs différents » pour réunir une modeste enveloppe de 400 000 à 450 000€ pour montrer une image concrète de l’Europe.
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Les Auberges de Jeunesse : une culture européenne abandonnée par les jeunes. Solution pratique et économique, les Auberges de Jeunesse existent depuis le début du XXème siècle, et ont suscité un engouement massif chez les jeunes. L’Europe, continent créateur des ces auberges, voit se créer différentes fédérations. Mais vont-elles au-delà du simple hébergement pour favoriser une culture européenne ?EndFragment
Dans le IV arrondissement de Paris repose la plus prestigieuse auberge de jeunesse parisienne, la MJIE. ©AB
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Le nom de Richard Schirrmann ne vous dire peut-être rien ? Pourtant, il est à l’origine de la création des Auberges de Jeunesse. Parti en randonnée avec sa classe dans la nuit du 26 août 1907, cet instituteur de la petite ville d'Altena, en Allemagne, se retrouve bloqué en pleine forêt par un orage. Il songe alors à créer un réseau de gîtes bon marché pour la jeunesse allemande. Trois ans plus tard, il ouvre une première « auberge des écoliers » dans sa salle de classe. Il y installe des lits de fortune pour accueillir les jeunes randonneurs du week-end. Transférée ensuite dans le château d'Altena, l'« auberge » annonce le début du réseau international des auberges de jeunesse.
Il faudra attendre 1930, pour que le principe des Auberges de jeunesses arrive en France grâce à Marc Sangnier, pionnier de ce mouvement. Il installe la première auberge française, baptisées « l’Epi d’Or » dans sa propriété à Boissy-la-Rivière (Seine-et-Oise) et fonde la Ligue Française des Auberges de jeunesse. Dès 1932,
différentes associations ajiste voit le jour comme la Fédération Internationale (I.Y.H.F, International Youth Hostel Federation), puis a Fédération Unie des Auberges de Jeunesse (FUAJ) en 1956. De nombreux pays européens y participent ainsi que le Maghreb et la Nouvelle Zélande. Aujourd’hui, la Fédération Internationale compte 4500 auberges dans le monde et 4 000 000 adhérents dans 81 pays. Ces fondations ont pour but de favoriser les rencontres entre personnes de tous âges, du monde entier, dans le respect des différences. Si à ses débuts, l’Auberge de Jeunesse avait une limite d’âge, aujourd’hui elles ont disparues de la plupart des établissements.
• Une notion Européenne délaisséeIl est 8 heures du matin, Paris s’éveille. Arrivée devant l’une des Maisons Internationales de la Jeunesse et des Etudiants (MIJE) du « Fourcy » au 6 rue de Fourcy dans le 4ème arrondissement de Paris. Située en plein centre de la capitale, cette auberge de jeunesse prestigieuse a de quoi faire rêver. Vaste ensemble composé de plusieurs immeubles datant de VVIIème siècle, elle se propose de réaliser des voyages pédagogiques mais accueille aussi « des particuliers ». « Nous avons autant de groupe que de particulier. Malheureusement, au vu des évènements récents survenus à Paris, les étrangers ont un peu peur de venir. » explique Isabelle Julien, directrice de l’établissement. Actuellement le Fourcy est surtout occupé par de Coréens venus faire du tourisme.
Les bâtisses sont splendides. De jeunes lycéens se baladent dans la propriété nonchalamment: « Nous arrivons de Meaux. Nous venons sur Paris avec notre école. Le but de ce voyage scolaire est de visiter différents des grands sites comme l’arc de Triomphe, ou le musée de la Shoah etc.. Mais nous n’avons pas vraiment le temps de faire plus de rencontres. » Du côté des particuliers, le constat n’est pas si différent admet, Alfons Flegel, jeune diplômé allemand affirme: « Je ne suis pas là pour faire des rencontres mais simplement pour faire du tourisme. J’ai fait le choix de l’auberge de jeunesse car c’est moins cher que l’hôtel. » Evidemment, il n’est pas réfractaire à l’idée de rencontrer de jeunes et jolies Parisiennes mais la notion d’européanisation semble bien loin derrière lui. A l’inverse pour Luciano, 46 ans, venu visiter Paris avec sa femme, la notion d’Europe à son importance, sans pour autant se sentir totalement investi dans l’Union Européenne. Pour lui, cela représente avant tout un gain de temps aux frontières. « Plus besoin de passeport, on peut circuler en toute tranquillité. » Mais dans l’ensemble, il semble donc évident que malgré des dispositifs mis en place dans les Auberges de Jeunesse, les jeunes se désintéressent massivement des échanges européens. [if gte mso 9]>
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Le modèle Erasmus. Depuis 1987, des milliers de jeunes européens ont participé au programme Erasmus, à l’instar de Romain Duris dans « l’auberge espagnole ». Cet organisme permet l’échange d’étudiants entre universités européennes pour une durée moyenne de six mois.
Entre 2012 et 2013, plus de 35,000 français ont vécu cette expérience unique. Partir avec Erasmus est certes distrayant, mais l’étudiant ne doit pas oublier de valider son semestre, sous peine de perdre sa bourse. Revenus de leur cursus universitaire, ces jeunes étudiants Erasmus revendiquent le sentiment d’appartenance au peuple européen.
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La MJIE est réputée pour ses excursions pédagogiques. ©AB
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